Revenons sur le Point G

Pour la rentrée, Légothèque vous propose un petit compte-rendu de la présentation du Point G ou centre de ressources sur le genre, qui s’est tenue le 11 juin dernier à la Bibliothèque municipale de la Part Dieu à Lyon.présentation du Point G

Sur proposition de Légothèque, Sylvie Tomolillo a ainsi présenté le fonds spécialisé dont elle est responsable aux 20 personnes inscrites, majoritairement des bibliothécaires, et quelques membres du secteur associatif. Après une présentation de la collection et de son histoire, ainsi que quelques éclaircissements théoriques sur les études de genre, dans une salle de réunion spécialement réservée, nous avons fait un tour dans le fameux Point G, au deuxième étage de la bibliothèque, dans le département Civilisation.

Un centre de ressource sur le genre au sein d’une bibliothèque publique

Le centre de ressources sur le genre, sous-titré « identités, sexualités, mémoire gay et lesbienne » existe à la bibliothèque municipale de Lyon depuis 2006. Sa création fait suite au dépôt par Michel Chomarat d’une collection de 300 000 documents, dont plusieurs milliers concernent directement la mémoire gay et lesbienne, comme l’indique Renan Benyamina dans son mémoire sur la visibilité des questions de genre dans les bibliothèques publiques, et à une volonté politique de la Ville de Lyon et de la bibliothèque.

Mais dans l’espace de la bibliothèque de la Part Dieu, le point G est d’abord matérialisé par le fonds contemporain « genre et sexualités ». Le fonds situé dans la salle « civilisation » est constitué d’environ 600 livres acquis par la bibliothèque ces dernières années, classés selon un système de cotation particulier, et accessibles sur le catalogue en ligne. Pour le public, le Point G commence donc par les 3 étagères que vous voyez sur la photo (un peu floue, désolée) derrière le groupe. Mais il ne s’agit que de la part émergée de l’iceberg, puisque de nombreux autres documents, contemporains et archives, sont conservés au silo.

Un travail de repérage informatique est en cours pour constituer à terme une collection transversale repérable via le catalogue, comme c’est le cas aujourd’hui pour le fonds chinois par exemple (dans la recherche avancée, en bas de la page, le catalogue permet de cocher une catégorie).

Faire se rencontrer tous les publics

A la question de savoir si ce fonds était spécifiquement fréquenté par des LGBTQI *, Sylvie Tomolillo répond que « la bibliothèque ne se soucie guère de l’orientation sexuelle de ses usagers mais accueille tout le monde » et précise que le fonds est beaucoup utilisé par des militant/es et des étudiant/es. La volonté de départ est d’ailleurs d’intégrer le fonds dans l’espace de la bibliothèque, pour qu’il ne constitue pas un espace à part. Les documents sont ainsi disposés à côté de l’étagère consacrée aux revues jésuites. « On l’appelle le point G suite », plaisante Sylvie Tomolillo. L’idée est vraiment de faire se rencontrer les publics. Et il semblerait que cela fonctionne.

L’importance des actions de médiation

Des animations sur les questions de genre sont également proposées à la bibliothèque municipale de Lyon. La conférence de Martine Gross sur l’homoparentalité (en 2007) a ainsi été l’occasion de montrer que « des sujets paraissant comme une préoccupation minoritaire peuvent parler à tout le monde, car les questions de parenté et de filiation concernent tous les parents adoptifs. » explique Sylvie Tomolillo.

conférence homoparentalité

Une grande exposition a également été consacrée à L’homosexualité dans les collections de la bibliothèque de Lyon en 2007, et un catalogue de l’ exposition a été édité (on trouve une critique de l’ouvrage dans la revue Bibliothèque(s) n°33 / 2007 (p. 79)

Projection-débat autour du court-métrage d’animation Le baiser de la lune ou partenariat depuis leur création avec le festival de cinéma Ecrans mixtes (cf. Topo, le magazine des bibliothèques de Lyon, p.20) et avec le Master E.G.A.L.E.S, les animations proposées sont de nature très diverses.

Une initiative unique en son genre

Le Point G constitue ainsi une initiative unique en France dans une bibliothèque de lecture publique, alliant un espace de ressources sur les questions de genre, comparable en ce sens à l’espace de la médiathèque Olympe de Gouges à Strasbourg, et un fonds d’archives militantes gay et lesbiennes. La collection se situe ainsi à la croisée de dynamiques diverses, en lien avec le secteur associatif LGBTQI* et la politique à l’égalité femmes-hommes de la ville de Lyon, conjuguant une politique de conservation de la mémoire homosexuelle à une politique de lecture publique valorisant l’inclusion de tous les publics. La spécificité du Point G a d’ailleurs retenu l’attention de l’IFLA, et a influencé le choix de la Ville de Lyon pour le congrès IFLA  2014.

* LGBTQI = Lesbiennes, gais, bisexuels, transexuels, queer, intersexe

Un grand merci à Sylvie Tomolillo pour sa présentation.

Commentaires

Une réponse à “Revenons sur le Point G”

  1. […] cultures lesbiennes  conservent ainsi des archives LGBT. Le centre de ressources sur le genre, ou Point G de la bibliothèque municipale de Lyon, se distingue quant à lui par son positionnement dans une […]

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