Égalité de genres et bibliothèque scientifique : l’exemple du SCD de Aix-Marseille Université

L’an dernier, au dernier congrès de l’IFLA, le SCD de l’Université Aix-Marseille présentait un poster intitulé : « Thank you Hypatia: how a Science library can highlight the work of female scientists and promote gender equality in science ? ». Le poster, présenté par les bibliothécaires Laure Papon-Vidal et Caroline Péron,  revenait sur le rôle des bibliothèques scientifiques autour de l’égalité femmes/hommes.

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poster du SCD AMU

Dans la bibliothèque numérique de l’IFLA, où la plupart des interventions et posters sont déposés, les collègues posent le constat d’activités genrées au regard de la répartition des femmes et hommes dans certaines activités professionnelles et privées, notamment scientifiques, et se demandent pourquoi il y a si peu de femmes qui font des études dites STEM (science, technologies, engineering, mathematics) ? De fait, précisent-elles, « hormis Marie Curie, peu de modèles sont proposés aux jeunes étudiants en sciences et en génie, et peu d’étudiantes suivent des études scientifiques. Par exemple, il n’y a que 12% d’étudiantes en Licence des Sciences de l’Ingénieur à Aix Marseille Université (France). »

Alors, pour attirer plus de femmes dans ces matières scientifiques à l’université, la Bibliothèque scientifique de Saint-Jérôme a entamé depuis cinq ans un travail travail autour de ces questions en étroite collaboration avec la Vice-présidence pour l’égalité des genres et la lutte contre les discriminations de l’Université d’Aix-Marseille (France), par ailleurs très active (cf l’adoption en 2018 d’une charte d’engagement LGBTI à l’Université, ou la mise en place d’un dispositif autorisant l’utilisation d’un prénom et une civilité d’usage a été mis en place à la rentrée 2018-2019 pour assurer aux étudiant.es transgenres et intersexes, en particulier, de meilleures conditions de vie à l’université).

Et cela passe par une réflexion et une prise en compte des femmes scientifiques dans l’ensemble des activités de la bibliothèque, depuis l’espace même de la bibliothèque, aux sessions de formation, la constitution des collection ou l’organisation d’événements, afin de mieux mettre en évidence le rôle des femmes dans les sciences et l’ingénierie.

Renommer les espaces

Pour les espace, il s’est agi par exemple de renommer les différentes salles de la bibliothèque d’après des femmes célèbres. Ainsi, en 2017, un concours de graphisme a également été ouvert à l’ensemble de la communauté AMU sur le thème ‘Femmes scientifiques’. Ce concours avait pour but de créer une œuvre originale mettant en valeur le travail de femmes scientifiques, qu’elles soient mortes ou encore vivantes. L’œuvre sélectionnée devait servir de signalétique sur les portes de certaines salles des BU sciences (Saint-Charles et Saint-Jérôme), espaces renommés en l’honneur de ces femmes.

Développer les collections

Bien sûr, le SCD propose un certain nombre de collections et de collections spécifiques, qu’elles soient physiques ou numériques permettant de mieux faire connaître et mettre en valeur d’autres femmes scientifiques comme Ada Lovelace, Lise Meitner, Rosalind Franklin, Hypatie d’Alexandrie…, femmes moins connues que Marie Curie

Il s’agit aussi d’aller plus loin en organisant des ateliers Wikipédia à la bibliothèque pour créer des articles sur des femmes scientifiques avec notamment l’association  « Les sans pagEs/ Méditerranée » visant à combler combler le fossé et le biais de genre sur Wikipedia comme ce fut le cas le 8 mars 2019.

Eurêkatrice, le jeu de cartes

Pour aller encore plus loin, le SCD s’est associé à une enseignante-chercheuse, Gabrielle REGULA (enseignante-chercheuse et lauréate du prix Diderot-Curien 2018) pour créer un jeu de cartes sur les femmes inventrices, Eurêkatrice, dont le but est de faire deviner des inventions par le dessin ou le mime. L’ensemble des cartes est disponible sur Zenodo.

Devant le faible nombre d’étudiantes en sciences de l’ingénieur (12% en L1 à AMU), l’idée est de mettre en avant des femmes (pour la plupart inconnues ou méconnues) qui ont inventé et breveté des objets techniques servant dans notre vie quotidienne moderne : ces femmes inventrices peuvent servir de modèles, et montrer aux jeunes filles que le monde des technologies, de l’ingénierie, de l’invention, n’est pas masculin.

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boîte du jeu Eurekatrice

Les dessins, réalisés par Karine Mariani, sont sous licence CC-BY-NC-ND.

Déconstruire les stéréotypes

Plus largement, le SCD propose d’autres événements à destination de ses publics, non plus spécifiquement autour de la représentation des femmes scientifiques, mais travaillant à la déconstruction des stéréotypes de genre.

Il développe ses collections y compris en SHS comme tout récemment avec l’abonnement aux bases History of Feminism et Women Social movements in Modern Empires since 1820 regroupant des sources relatives à l’histoire des femmes et des mouvements féministes durant la période contemporaine.

Il a également organisé régulièrement des ateliers d’autodéfense physique et intellectuelle avec l’association Wendo Provence, financés par la mission Égalité Femmes Hommes de l’université.

À l’approche du 8 mars, l’ensemble du SCD prévoit cette année encore une programmation sur le sujet :

 

Et vous, qu’avez-vous prévu ce mois de mars ?


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