Des contes de Reines…

Au mois de mars dernier, la Bibliothèque Louise Michel subissait une campagne de harcèlement transphobe et homophobe alors qu’elle programmait des histoires contées par des Drag Queens, dans le cadre de la Queer Week. Cette initiative avait déjà eu lieu l’année précédente sans éveiller de réactions négatives.

Quelques jours auparavant, un podcast proposé par le site Book Riot, revenait justement sur les origines des Drag Queen Stories, aux États-Unis.

C’est ainsi que commence l’histoire : Bix Warden est une bibliothécaire jeunesse à la bibliothèque Eureka Valley/Harvey Milk Mermorial Branch de San Francisco. En 2015, elle est sollicitée par une association promouvant les productions artistiques queer, pour accueillir à la bibliothèque une heure du conte animée par des Drag Queens.

La première Drag Queen Story Hour à San Francisco est alors programmée le 12 décembre 2015. Malgré la nervosité de la conteuse, Persia, et de la bibliothécaire, cette première est un succès. Les enfants sont enthousiastes et ces heures du conte en viennent à être programmées régulièrement. Le public se diversifie, se multiplie et vient de plus en plus loin : le bouche-à-oreille a fonctionné.

L’idée se répand, et bientôt l’association Drag Queen Story Hour est fondée. Jonathan Hamlit, son président, apporte alors le concept à New York, d’abord dans une librairie puis dans une bibliothèque de Brooklyn, s’attirant les regards de la presse new-yorkaise et nationale.

Jonathan Hamlit souligne dans le podcast que les mises en scène théâtrales et colorées proposées par les Drag Queens captivent les enfants. Et sur le fond comme dans la forme, ces initiatives promeuvent le respect, permettent de poser des bases pour combattre le harcèlement des personnes LGBTQ+ et d’ouvrir les perspectives sur les normes de genre, s’inscrivant ainsi dans la continuité du rôle que jouent les Drag Queens pour les luttes LGBTQ+.

Persia
Persia pendant une heure du conte. Crédits photo : KQED Arts

Depuis, l’association Drag Queen Story Hour s’est développée, avec une trentaine d’antennes aux États-Unis, et s’est internationalisée : on la retrouve au Japon, en Grande-Bretagne en Suède ou encore au Canada, et son président invite toute personne souhaitant créer une antenne à le contacter. L’association a également élargi son champ d’action, en développant des heures du conte bilingues et des actions en direction d’enfants éloignés de la lecture. Enfin, elle propose des conseils pour faire de la bibliothèque un lieu sûr à l’occasion de ces Drag Queen Story Hours.

En effet, le podcast ne fait pas l’impasse sur les résistances auxquelles font face les initiatrices et initiateurs de ces lectures : des manifestations sont souvent organisées devant les bibliothèques proposant ces lectures, par exemple en mars dernier, à Bradwood en Californie, ou encore le week-end dernier, à Louisville, Kentucky.

Si ces réactions sont rendues très visibles par ces mouvements, Bix Warden nuance toutefois leur ampleur en pointant qu’autant de personnes, voire plus, viennent assister à ces heures du conte, ou les réclament.

Mais, comme Jonathan Hamlit le précise, il est nécessaire que les bibliothèques qui programment ces événements soient préparées à faire face à des pressions. Or, dans un contexte américain où les bibliothèques dépendent largement de subventions, certaines ont peur de perdre des financements, voire d’être menacées de fermeture.

En France, la bibliothèque Louise Michel a subi d’autres types d’intimidation. Profitons donc de ce billet pour saluer à nouveau le courage et l’engagement des conteur.euse.s. et des bibliothécaires. La violence de certaines réactions révèle ce que certaines personnes subissent au quotidien, et démontre qu’il est d’autant plus important que de telles initiatives continuent à être menées.

Vous pouvez également suivre les activités de l’association Drag Queen Story Hour sur son compte Instagram ou Facebook.


Étiquettes :

Commentaires

2 réponses à “Des contes de Reines…”

  1. […] À lire aussi dans le numéro 100 de Bibliothèque(s), l’heure du conte inclusive dédiée aux enfants qui ont des besoins particuliers (autisme par exemple).A lire aussi « Des contes de Reines » ici […]

  2. […] en savoir plus, voici le lien vers l’article publié sur le blog Légothèque à propos de l’heure du conte proposée par les Drag-Queens à la Bibliothèque […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *