Egale à égal #6 : le sexisme au travail, fin de la loi du silence ?

Thématique de notre carte blanche lors du congrès ABF, le sexisme et travail  sont au centre de ce billet. Si le sexisme est indéniablement un obstacle à l’égalité entre les femmes et les hommes, cette notion est récente.

Utilisé pour la première fois à la fin des années 1960 par Pauline Leet, il n’émerge en France qu’à la fin des années 2000.

« Lorsque vous affirmez que, puisque moins de femmes écrivent de la bonne poésie, cela justifie leur totale exclusion, vous adoptez une position analogue à celle d’une personne raciste et je vous appellerai, dans ce cas, un « sexiste »  »               Pauline Leet

Le sexisme ordinaire revêt de multiples visages. Hostile: l’incapacité des femmes a endosser d’autres rôles que ceux auxquelles elles sont assignées; masqué: la dévalorisation; ambivalent: en apparence bienveillant, il cache en fait un paternalisme et une infantilisation des femmes. A ces facettes, s’ajoutent d’autres formes de sexisme dissimulées : l’humour (qui plus est gaulois), la condescendance et l’incivilité, l’injonction à se conformer aux stéréotypes et aux rôles sociaux de sexe, le vocabulaire familier, etc.

Du côté des victimes de sexisme, la menace est donc multiple : discriminant, auto-dévalorisant, facteur de stress et de souffrance au travail. Les victimes multiplient les réponses aux attaques subies: le déni, l’évitement, la diversion, la banalisation, l’absence de confrontation (les femmes ne parlent que peu des actes subis, puisqu’elles estiment qu’on ne les croira pas).

L’individualisation des actes sexistes favorise l’invisibilisation des victimes : la vigilance doit être collective.

Droit du travail et rôle des entreprises

Dans les années 2000, les notions de « discrimination indirecte » et de « harcèlement lié au sexe » émergent dans le droit européen.

En France, en 2015, le sexisme entre dans le vocabulaire juridique: article L. 1142-2-1 du Code du travail : « Nul ne doit subir d’agissement sexiste, défini comme tout agissement lié au sexe d’une personne, ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant. »

Lutter contre le sexisme appelle à un changement de mentalités et de culture de l’entreprise.  Le monde du travail doit donc s’engager fortement et construire des actions spécifiques: afficher une tolérance zéro pour le sexisme, inscrire la lutte contre le sexisme dans les règlements intérieurs, sensibiliser aux stéréotypes de sexe et au sexisme, adopter la neutralité dans les procédures de ressources humaines, mettre en place une politique de prévention, appliquer le pouvoir disciplinaire, promouvoir une communication sans stéréotype de sexe, etc.

Boîte à outils

A ces initiatives collectives s’ajoutent les initiatives individuelles: lutter contre le sexisme appelle à la libération de la parole, à  la (re-) construction d’une confiance en soi.

sexisme

Brigitte Grésy  est spécialiste des questions d’égalité entre les hommes et les femmes et membre du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Retrouvez les autres titres de la collection sous le tag égale à égal

 

 


Publié

dans

,

par

Étiquettes :

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *