Tentative de définition
Les bibliothèques s’investissent de plus en plus dans la représentation de la diversité culturelle. Parmi cette diversité figure ce qu’on peut appeler la culture queer. Par culture queer, j’entends (et cette définition est une tentative personnelle) les éléments et activités que l’on peut considérer comme culturels auxquels peuvent se référer les personnes se réclamant comme ne s’inscrivant pas dans l’hétéronormativité ou appartenant à des minorités sexuelles (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres).
Culture, vous avez dit culture ?
Cette notion de culture a été sujette à polémique ces dernières semaines : les Indigènes de la République ont remis en cause son universalité. Selon eux, il n’y a pas d’identité gay partout dans le monde : cette analyse nous semble valable en ce qu’elle se limite à la culture queer ou plus précisément gay anglo-saxonne dont nous parlerons plus loin. Mais si l’on limite notre périmètre au territoire français, la généralisation est possible.
Le terme queer est un anglicisme qui signifie d’après Wikipédia « étrange », « peu commun ». Comme « pédé » en français, insulte parfois récupérée par des homosexuels pour se définir, queer est à la fois une revendication d’altérité, et une inversion rhétorique.
Cette culture, que l’on peut volontiers qualifier de subculture (ou sous-culture en français, mais la connotation péjorative invite à ne pas en abuser), a connu un essor important au milieu de la deuxième partie du XXème siècle, en particulier aux Etats-Unis. Au fur et à-mesure que les Etats occidentaux ont reconnu les droits de ces minorités sexuelles, la reconnaissance par la société civile de cette culture a crû. Cette reconnaissance est aussi venue des institutions, dont les bibliothèques.
Et les bibliothèques, dans tout ça ?
Les bibliothèques offrent une certaine représentation de cette culture. On citera comme exemple le succès en bibliothèque municipale du film Harvey Milk, biopic illustrant des éléments fondateurs de cette culture.
Mais cette représentation est peut-être un peu trop policée, assurément incomplète. La bibliographie du site Légothèque – qui sera amenée à être complétée – propose des exemples de documents que l’on peut proposer en bibliothèque. En effet, on peut estimer qu’il n’y a pas de représentation complète de la culture queer sans Tom of Finland ou Pierre&Gilles, artistes gays qui mettent en scène l’homosexualité. Rassurez-vous, ces noms ne sont pas inconnus des bibliothèques, on les y trouve.
De même, il est possible de se demander si, plutôt que de culture queer et au vu des exemples évoqués, il ne vaudrait pas mieux proposer des collections concernant la culture gay. C’est là réduire une diversité culturelle qui fait sens. Il nous semble que c’est justement dans la pluralité des collections (gay, lesbien, transgenre par exemple) que la bibliothèque participe à la construction de soi de chacun.
Et vous, proposez-vous des documents concernant ces artistes dans votre bibliothèque ?
Pour aller plus loin :
Pour aller plus loin dans la lecture d’ouvrages en français questionnant la notion d’identité et de culture queer, on pourra se reporter aux titres suivants accompagnés d’un lien vers le catalogue SUDOC:
– Lawrence R. Schehr (dir.), Aimez-vous le queer ? ; CRIN, Ed. Amsterdam, New York, 2005 : http://www.sudoc.fr/093542879
– Féminismes, queer, multitudes ; Exils, Multitudes, Paris, 2003 : http://www.sudoc.fr/074318748 ; URL de consultation : http://www.cairn.info/revue-multitudes-2003-2.htm
– F. Cusset, L. R. Schehr, R. Harvey… [et al.], Queer : repenser les identités ; PUF, 2003 : http://www.sudoc.fr/083898190
– Marie-Hélène Bourcier, Queer zone [revue] ; Ed. Amsterdam, Paris, 2011: http://www.sudoc.fr/155107240
– Teresa de Lauretis, Théorie queer et cultures populaires, de Foucault à Cronenberg ; La Dispute, Paris, 2007 : http://www.sudoc.fr/115295968
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