LibTechGender : s’interroger quotidiennement sur les questions d’inclusion

En décembre 2012, des collègues américainEs souhaitant créer un espace féministe sur le web anglophone, où il serait possible de parler librement de problématiques autour du genre, des bibliothèques et du numérique créent le groupe LibTechWomen, que l’on pourrait traduire par Bib’Techno’Femmes. Tout l’enjeu de ce groupe est de souligner les discriminations dont peuvent être victimes les femmes dans les facettes plus techniques et technologiques de notre métier. Au cours de l’année 2013, il est devenu au fur et à mesure des discussionsLibTechGender, sans renier LibTechWomen, et sans empêcher les deux termes de coexister : à la manière de Légothèque qui s’interroge sur l’égalité, les questions de genre, de multiculturalisme, de féminisme, et de tout ce qui a trait à l’inclusion, il s’agit d’interroger dans le cadre de l’intersectionnalité.

Parmi les membres de ce mouvement aux contours non définis, on peut citer Chris Bourg, auteurE du blog Feral Librarian (http://chrisbourg.wordpress.com/), qui explique bien les problématiques que ces bibliothécaires souhaitent aborder :

« The challenges facing libraries in terms of sexism, racism, homophobia, transphobia, and a whole host of other problems that are cause and consequence of a profession that is nearly 90% white and over 80% female are complex and go way beyond codes of conduct »

Traduction maison :

« Les problèmes que rencontrent les bibliothèques en termes de sexisme, de racisme, d’homophobie, de transphobie, et tout un tas d’autres problèmes qui sont à la fois la cause et la conséquence d’une profession qui est à 90% blanche et à plus de 80% féminine, sont complexes et vont bien au-delà des codes de conduite. »

(http://chrisbourg.wordpress.com/2014/01/25/gender-issues-panel/)

Elle parle là, en effet, non seulement de discriminations de genre, mais également d’identité de genre, d’orientations sentimentales ou de racisme et souligne par là-même un point important dans la lutte contre ces dernières : l’intersectionnalité ou la transversalité des combats.

En l’occurrence, elle part ici d’un contexte particulier, celui de la charte du conférencier de l’ALA (American Libraries Association) renovée en novembre dernier pour faire des conférences et ateliers organisés par l’association des lieux ouverts et inclusifs, respectueux des différences de chacunE (ALA code of conduct).

Dans le cadre du congrès d’hiver de l’ALA, donc, une session était organisée sur ce nouveau code afin d’ouvrir les discussions sur les discriminations qui pouvaient survenir  à laquelle Chris Bourg était conviée. Elle revient dessus sur son blog dans un billet intéressant qui complète l’article paru dans la revue American libraries. L’occasion pour elle de signaler les positions de sa bibliothèque (elle travaille aux Stanford University Libraries) qui encourage clairement ses agents à s‘investir dans la lutte contre les inégalités en ne participant qu’à des conférences respectant un code de conduite soucieux des questions de genre.

LHOOQ, Marcel Duchamp, 1919

Plus généralement, le #libtechgender, de par son caractère protéïforme, est d’une efficacité redoutable sur le terrain des réseaux sociaux anglophones : l’usage du hashtag permet de signaler toute discussion reliée à ces problématiques, et de s’y investir.

Mais il peut aussi donner l’impression d’être un fourre-tout : des visions parfois contraires s’y opposent, comme cette définition du mouvement par Andromeda Yelton en décembre dernier le laisse transparaître :

« libtechgender is not a single story; it is many stories, overlapping and diverging and sometimes in conflict. »

Traduction :

« LibTechGender n’est pas une histoire simple ; il s’agit de plein d’histoires, qui se chevauchent et divergent et parfois entrent en conflit. »

(http://andromedayelton.com/blog/2013/12/21/libtechgender-the-dangers-of-a-single-story/ )

La profusion des billets de blog, de tweets ou de posts sur Facebook sur le sujet est très importante, et en constante évolution : il ne s’agit d’ailleurs pas que des femmes, ni du genre, ni des questions sur la race ; toute ce qui touche à l’inclusion est interrogé. Encourageant, non ?

Pour aller plus loin, ce mouvement bénéficie d’une veille continue et dynamique, dont on trouve de nombreux condensés comme celui pour le mois de janvier : https://exitpursuedbyabear.net/2014/01/libtechgender-article-roundup-for-january-2014/

Ou encore celui-là durant le dernier congrès de l’ALA : http://storify.com/alaannual/alamw14-libtechgender-panel/

Suivre le hashtag #LibTechGender reste le meilleur moyen de suivre l’actualité de ce mouvement.


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2 réponses à “LibTechGender : s’interroger quotidiennement sur les questions d’inclusion”

  1. […] En décembre 2012, des collègues américainEs souhaitant créer un espace féministe sur le web anglophone, où il serait possible de parler librement de problématiques autour du genre, des bibliothèques et du numérique créent le groupe LibTechWomen,…  […]

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