Rentrée des sciences humaines et sociales

Comme la rentrée littéraire, la rentrée des essais annonce les points qui feront l’actualité du livre en sciences humaines et sociales. Depuis six mois que la guerre a commencé en Ukraine, les publications et commentaires se multiplient. Géopolitique et géostratégie font bonne place dans cette actualité automnale. Voilà une sélection de quelques titres qui ont retenu l’attention de la Légothèque :

Lia Vainer Schucman, Familles mixtes : tensions entre couleur de peau et amour, Anacaona.

Dans cet ouvrage, l’autrice s’attache à analyser des témoignages portant sur la question raciale au sein des familles. L’édition avait déjà publié le livre de Joohee Bourgain, L’adoption internationale: mythes et réalités, abordant frontalement la question raciale dans l’adoption. Cet ouvrage vient compléter des réflexions sur l’adoption, comme celle proposée par Amandine Gay1.

Gloria Anzaldua, Terres frontalières, la frontera : la nouvelle mestiza, Cambourakis.

Pour la première fois, la penseuse féministe queer est traduite en français. Dans cet ouvrage, l’autrice mêle essais et poésies pour dérouler ses réflexions sur nos frontières intimes, qu’elles soient psychiques, sociales ou culturelles. Une nouvelle fois, Cambourakis marque son importance dans la traduction d’ouvrages féministes.

bell hooks, À propos d’amour, Divergences

Ouvrage extrêmement attendu de l’autrice décédée il y a peu. Dans ce livre, elle développe l’idée d’un sentiment, l’amour, non seulement politique, mais aux fondements d’une perspective féministe.

Sébastien Castelier et Quentin Müller, Les esclaves de l’homme-pétrole, Marchialy.

Les deux journalistes ont enquêté sur ce qui a permis au Qatar de devenir une puissance internationale. Certes, le pétrole et le gaz sont à l’origine de sa fortune, mais sa réalisation est possible grâce à un système d’esclavage qui a permis notamment de construire les stades de la future Coupe du monde de football.

Amélia Pang, Made in China, Globe.

L’autrice déroule une enquête sur le travail forcé des Ouïghours, à partir d’un appel à l’aide caché par des travailleu·ses·rs dans des paquets destinés au marché occidental. Dans ce livre, l’autrice enquête sur le prix payé par une minorité pour que nos sociétés occidentales puissent sur-consommer.

Charlotte Puiseux, De chair et de sang : vivre et lutter dans une société validiste, La Découverte.

Mêlant l’autobiographie et l’essai, l’autrice milite pour un anti-validisme féministe, queer, intersectionnel. Le validisme se caractérise par la certitude que l’absence de handicap chez les personnes valides, leur confère une situation enviable, voire une supériorité. L’autrice rappelle la force politique de revendiquer des identités du handicap dans des sociétés normées, capitaliste, compétitive. Elle invite à politiser ces mêmes identités pour en faire des outils de lutte.

Joan Nestle, Fem, Hystériques & AssociéEs.

La maison d’édition du Matérialismes trans revient pour ce court essai. Première traduction des écrits de l’autrice, ce recueil permet la rencontre avec cette militante féministe, antiraciste, engagée dans de nombreuses luttes de libération. Icône lesbienne, elle défend les mémoires lesbiennes-féministes, et notamment en cofondant en 1973 les Lesbian Herstory Archives, plus grand fonds d’archives lesbiennes au monde. Revendiquée fem et sexuelle, elle explore les désirs butch-fem.

Dirigé par Christelle Taraud, Féminicides : une histoire mondiale, La Découverte.

Dans cette somme, l’historienne du genre et de la sexualité en espaces coloniales propose de raconter les différents visages que prennent les violences de genre sur les cinq continents depuis le néolithique.

1 Amandine Gay, Une poupée en chocolat, La Découverte, 2021


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Une réponse à “Rentrée des sciences humaines et sociales”

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