La rentrée littéraire vue par Légothèque

Une rentrée littéraire foisonnante et très riche, qui permet aux bibliothécaires de Légothèque de vous proposer un focus à travers les thématiques qui nous tiennent à cœur au sein de notre commission de l’ABF : construction de soi, racisme, préjugés, invisibilisation des femmes ou de minorités.

Stardust / Leonora Miano

L’auteure se penche sur sa propre histoire, qu’elle parvient à exprimer avec sa rage, sa conscience politique. Sa vie de jeune mère la conduit à croiser d’autres destins de femmes rencontrées dans des centres d’hébergement précaires. Loin des clichés sexistes convenus, elle ne cache rien des difficultés, des tensions, et du découragement qui l’ont traversée durant ces années difficiles.

La ligne de nage / Julie Otsuka

La piscine que décrit la narratrice, c’est un microcosme où un rien fait dérailler la mécanique bien huilée des habitudes. Le personnage principal perd la mémoire, et ce naufrage progressif auquel nous assistons nous tient en haleine car l’auteure y distille savamment des éléments sur l’origine japonaise de son personnage : elle fait état avec tact et sensibilité des préjugés, du racisme qu’elle a connus plus jeune avec sa famille.

Tenir sa langue / Polina Panassenko

Un premier roman vif et enlevé : une langue inventive, malicieuse, et surtout une réflexion sur la culture, l’identité qui se construisent par strates et apports successifs, notamment par les langues. Brillant, drôle et profond!

Les gens de Bilbao naissent où ils veulent / Maria Larrea

Un premier roman à la veine autobiographique très forte sur la quête de ses origines : secrets de famille, flash-back et temps présent confèrent toute sa force à ce récit où transparaît toute la tendresse de l’auteure pour ses parents, immigrés espagnols cabossés par la vie.

La revanche des autrices / Julien Marsay

Une enquête historique et littéraire autour de l’invisibilisation des femmes dans l’écriture.

La dissociation / Nadia Yala Kisukidi
L’autrice n’est pas étrangère à la Légothèque puisque nous avions parlé de
Dialogue transatlantique avec Djamila Ribeiro, qui faisait un tour d’horizon de la
pensée féministe noire entre Europe, Afrique et Amérique du Sud.
Nous la retrouvons pour son premier roman, La dissociation. On y suit une jeune
femme noire qui a cessé de grandir à l’âge de 10 ans, nous ne connaîtrons pas
son nom. En revanche, elle partage avec nous tous les recoins de ses errances
imaginaires : l’héroïne bénéficie du don de dissociation, et peut s’extraire du réel
pour voyager dans un autre monde. Fuyant la folie de sa grand-mère, nous la
suivons dans ses aventures, rencontres et dans ses notes, qu’elle prend
scrupuleusement. De la folie comme point de départ à la fuite et à la tentative de sortir de cet
enfermement, l’héroïne rêve d’une « utopie de l’Indépendance ». Et son autrice
d’ajouter que « la violence du monde ne nous assèche pas systématique », elle
permet parfois un foisonnement de l’imagination.


Cocoaïans / Gauz
L’auteur de Debout payé et de Black Manoo revient avec un court texte
d’économie politique de la fève de cacao. Il retrace son histoire comme une
illustration de la domination occidentale sur les pays d’Afrique. Il redonne voix aux
acteurs de la résistance ivoirienne face à cette conquête blanche. L’auteur conclut sa
démonstration par l’idée d’une Afrique qui se réapproprierait ses cultures, ses
terres, ses moyens de production et qui mettrait fin à sa domination capitaliste et
coloniale.


Diaty Diallo, Deux secondes d’air qui brûle, Seuil

Dans ce premier roman, d’une langue imagée à l’oralité, Diaty Diallo nous campe
un décor d’amitiés, de béton et d’envies furieuses de vivre. L’autrice aborde les
questions de violences policières, avec la voix d’Astor dont le frère a été tué par
« les gens en bleus » lors « d’une soirée tranquille. Presque chiante ». L’histoire
ne s’arrête pas au meurtre, mais en déplie les conséquences et fait la généalogie
d’une colère sourde qui mène à l’insurrection.


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