Retour sur la journée « Bibliothèques sensibles au genre » organisée à Brest.

La Légothèque a participé à l’organisation, le 14 octobre dernier à une journée d’étude sur les « Bibliothèques sensibles au genre » en partenariat avec la BPI et la ville de Brest. Nous laissons la parole à notre collègue Jean-Baptiste Vaisman afin de revenir sur le déroulé et le contenu de cette journée d’étude.

“Rappelle-toi Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là” disait le poète. Point de pluie mais, au contraire, un franc et beau soleil pour illuminer la majestueuse Médiathèque des Capucins et célébrer le retour à une journée en présentiel le 14 octobre dernier.

La commission Légothèque y organisait ce jour-là avec la Bpi et les Médiathèques de Brest une journée d’étude consacrée aux bibliothèques sensibles au genre.

Retour au présentiel toujours, nous avons eu le plaisir de voir les collègues venir en nombre, preuve s’il en était besoin que ces questions intéressent les professionnels des bibliothèques.

Plutôt que de revenir sur la totalité d’une journée qui fut très riche en échanges, débats, questionnements, et dont les enregistrements et les supports seront prochainement disponibles sur le site Bpi pour les professionnels, nous nous arrêterons ici sur la première table-ronde qui ouvrit la journée avec cette question centrale : quelles valorisations pour les collections sur le genre ?

Ont ainsi dialogué ensemble Marie Prévôt, du réseau des Médiathèques de Brest, et Marie Roumane, responsable de la bibliothèque Lévi-Strauss à Paris. Particularité de cette dernière, un fonds dédié “Féminisme·s” a été créé il y a tout juste un an, l’occasion d’en faire un premier bilan rapide.

Tout d’abord, pour accompagner la mise en place de ce fonds, les collègues ont élaboré un dépliant de médiation à destination des usagers. L’intérêt est de leur expliquer la démarche mais surtout de leur proposer des sélections de références pour débuter sur ces sujets puis d’autres pour celles et ceux qui seraient plus avancé(e)s sur ces questions. Enfin, un club de lecture féministe, ouvert à tous et toutes, opportunément nommé “Les agiteuses”, a été lancé pour échanger sur des oeuvres qui traitent des thématiques liées à la condition féminine ou au genre.

A Brest, pour ne pas avoir de fond dédié, les collègues n’en sont pas moins très actifs sur le sujet. En s’appuyant sur la volonté politique de la collectivité, une budgétisation par le genre des activités de la bibliothèque a ainsi été réalisée et a permis de révéler la prééminence des auteurs masculins dans les acquisitions ainsi que les animations. Le rééquilibrage nécessaire constitue ainsi un premier axe de travail, même s’il se heurte à la réalité de l’offre éditoriale où les femmes sont moins représentées. Dans le même temps, l’accueil d’un service civique a permis de travailler les autres aspects de la question avec la réalisation d’une bibliographie sur le genre et surtout de prendre des premiers contacts avec les associations locales afin de construire avec elles des médiations et des événements dédiés. Parmi d’autres initiatives, il y a notamment un temps de rencontres et d’animations intitulé initialement “La mixité sex’ prime”, sur l’égalité femme-homme, et désormais étendu à l’image de son nouveau nom “En tous genres”. Ces animations reposent en partie sur la mobilisation de jeunes aux côtés des personnels des bibliothèques de Brest, une adhésion essentielle pour son succès.

De même les équipes adhèrent au projet et participent à la poursuite de la réflexion afin d’atteindre l’objectif final notamment à Lévi-Strauss : que les ouvrages soient empruntés. A ce niveau-là, la mission est accomplie puisque les collections concernées sortent régulièrement à Brest comme à Paris, signe de l’intérêt également des publics pour ces thématiques.

Aussi, les approches des deux collègues traduisent la grande variété de propositions mises en place sur le sujet, toutes mues par une volonté partagée de mettre en avant ces sujets.

Interrogées par Geneviève de Maupeou (Bpi), les deux Marie se rejoignent sur les conseils à donner aux collègues de l’assistance : ne pas avoir peur mais ne pas faire seul·e. Si les bibliothécaires sont légitimes à s’emparer de ces sujets, il est important de s’appuyer sur des partenaires qui apportent leur expertise et permettent d’aider à réfléchir sur la mise en place des actions. Comme sur d’autres thématiques, il est conseillé de se rapprocher d’associations spécialisées qui peuvent aider la prise de conscience et surtout la recherche de solutions ou de dispositifs inclusifs.

Les questions des collègues présents ont permis de mesurer combien le spectre d’actions sur le sujet est vaste, à commencer par la création ou non d’un fonds dédié au genre. Alors que certains craignent que cela puisse stigmatiser un lecteur qui s’y arrêterait, notamment pour le public adolescent, et préfèrent disséminer les ouvrages en question repérés par un petit drapeau LGBTQI+, pour d’autres l’existence même d’un fonds dédié permet aussi de faire connaître ces sujets, voire d’aider des personnes en quête de réponses. Une fois encore, il paraît irréaliste de définir une solution miracle à plaquer sur des réalités locales diverses : il convient avant tout de s’adapter au public de sa bibliothèque.

D’autres interventions de l’assistance ont amené la discussion sur d’autres sujets liés aux enjeux de genre. Au-delà des collections, se pose aussi la question d’un accueil qui soit le plus inclusif possible : proposer des toilettes mixtes, modifier les formulaires d’inscription, parmi d’autres mesures. Dégenrer ainsi les bibliothèques devrait permettre à terme que tout le monde puisse s’y sentir bien accueilli, quitte à reprendre le slogan d’une célèbre chaîne de restauration rapide : à la bibliothèque, venez comme vous êtes.

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