La commission ABF Livr’exil

En 2019, à l’initiative de collègues impliqué·es dans l’accueil des migrant·es en bibliothèque, l’ABF lance un appel à volontaires pour former un groupe de travail pour réfléchir à l’accompagnement professionnel des personnes migrantes qui souhaitent travailler en bibliothèques. Ce groupe de travail deviendra la commission Livr’exil. Plus d’un an après, la commission accompagne sa première bénéficiaire dans ses stages et vers la fin de sa formation d’auxiliaire dispensée par l’ABF Ile-de-France et le début de son insertion dans l’emploi. 

Le coeur du travail de la commission est de comprendre les besoins du ou de la bénéficiaire et de l’accompagner dans les différentes options qu’on peut lui proposer:

  • inscription dans la formation initiale de l’ABF 
  • accompagnement par un·e tuteur·rice bibliothécaire (rendez-vous réguliers, visites de structures)
  • stages (long sur toute l’année et de 35h en une semaine) dans le cadre de la formation ABF
  • préparation aux examens
  • accompagnement dans la recherche d’emploi

Mariam Sadat, notre première bénéficiaire vous le racontera mieux que nous:

  1. Comment as-tu rencontré Livr’exil ?

Par internet, à cette époque-là j’avais une assistante sociale et j’avais envie de travailler dans un lieu culturel. Je lui ai demandé si elle pouvait trouver un travail comme ça, comme par exemple dans une bibliothèque. Elle a trouvé sur internet Livr’exil et m’a expliqué que c’est un projet pour les gens qui travaillaient comme libraires, journalistes, documentalistes, écrivains dans leurs pays. Je lui ai dit que ça m’intéressait et de m’inscrire. A cette époque là je ne savais pas que cette formation était aussi difficile, si j’avais su peut-être que je ne me serais pas inscrite. Mais bon maintenant je suis là et je suis contente !

  1. Qu’est ce qui t’a convaincue de t’inscrire à la formation auxiliaire de l’ABF ?

Les livres. Quand j’étais très petite je me souviens que je lisais beaucoup, même des livres qui ne sont pas pour les enfants mais pour les adultes. J’avais tout le temps un livre entre les mains, c’est peut-être pour cela que je voulais travailler dans une bibliothèque. Et aussi j’adore feuilleter un vrai livre, sentir le papier, c’est naturel, ça vient de la nature.

  1. Tu fréquentais des bibliothèques en Afghanistan ? Tu t’attendais aux mêmes bibliothèques qu’on trouve en France ?

Non, on a des bibliothèques mais pas comme en France. Les rôles des bibliothèques en France c’est très différent de chez nous. Quand j’étais en Afghanistan je ne savais pas beaucoup ce qu’étaient les rôles des bibliothèques. Chez nous c’est plus simple qu’ici. On donne des livres, on prend des livres, c’est tout. On a beaucoup de grandes bibliothèques mais pas exactement comme ici.

Bibliothèque publique de Kaboul
  1. Tu as commencé ta formation de bibliothécaire en septembre pendant la pandémie, quelles sont les deux choses que tu as découvertes avec ta formation d’auxiliaire sur le métier de bibliothécaire ?

En tant que bibliothécaire on doit trouver des solutions pour tout le monde parce que la bibliothèque s’adresse à tout le monde. Ça me fait penser à un lieu magique pour trouver tout ce qu’on veut, et le bibliothécaire est le génie qui exauce les vœux. 

La deuxième chose que j’ai apprise c’est la tolérance et ça me touche. Toutes les formatrices veulent adapter cette formation à tout le monde, même moi qui ne maîtrise pas la langue française. Je ne suis pas française, je parle peut-être bien français, je comprends bien le français mais j’ai du mal à apprendre tout et je trouve qu’il y a beaucoup de tolérance avec moi dans cette formation.

  1. Quelles sont les deux choses que tu as découvertes avec ton stage à la bibliothèque Vaugirard de la Ville de Paris ?

J’ai appris beaucoup de choses. Ce que j’apprends en théorie dans la formation, je le pratique chaque mercredi à la bibliothèque Vaugirard. La première chose c’est tout simplement d’accueillir les différents usagers : souriants, énervés, curieux, les personnes âgées, les jeunes, les enfants même tout petits. La bibliothèque c’est un paradis, mais un paradis des mots. 

La deuxième chose c’est ranger des livres par cotes. Et aussi aimer les livres plus qu’avant !

Bibliothèque Vaugirard, Paris
  1. Comment se passe ton tutorat par la commission Livr’exil ?

Je voudrais répondre par une seule phrase : sans mon tutorat je ne serais pas arrivée jusque maintenant.

Thomas Santer – Commission Livr’exil – tuteur de Mariam : Très rapidement nous nous sommes rendu compte qu’il était nécessaire de débriefer les cours de la formation d’auxiliaire afin que Mariam puisse se les réapproprier. D’une part, il y avait la barrière de la langue avec des mots et des notions bibliothéconomiques difficiles à comprendre. Mais il s’agissait aussi de rassurer Mariam quant aux compétences qu’elle a à apporter à ce métier. Nous avons donc mis en place un tutorat dans lequel nous essayons de nous voir une fois par semaine, ce qui demande un investissement supplémentaire important. Ces échanges sont très enrichissants pour moi car ils me forcent à expliquer les grands débats actuels au sein des bibliothèques mais aussi parce qu’ils questionnent l’ethnocentrisme et la place des cultures orientales dans nos collections. Et puis c’est avant tout une belle rencontre avec une personne admirable et motivée qui partage les mêmes valeurs d’accueil et de service public que l’on attend d’un.e bibliothécaire.
  1. Qu’est ce qu’il se passe pour toi dans les prochains mois ?

Ahhhh ! (soupir) Je commence un autre stage dans une autre bibliothèque, à St Ouen, pendant une semaine. Et en avril j’ai un examen blanc. Et pour tout ça je dois travailler et pour moi c’est une obligation pour arriver à la fin. Mais pas avec n’importe quel résultat. Je voudrais un bon résultat à la fin de cette formation, pas juste la moyenne. Je vais essayer d’obtenir mon diplôme avec de bonnes notes. Je ne sais pas si je vais y arriver mais je vais essayer, ça c’est promis !

Médiathèque Persepolis, St Ouen

Aujourd’hui, la commission recherche de nouveaux bénéficiaires pour la rentrée 2021, des tuteurs et des structures prêtes à accueillir sur un stage longue durée.

Contact : livrexil@abf.asso.fr

Commentaires

Une réponse à “La commission ABF Livr’exil”

  1. […] commission ABF Livr’exil. Plus d’un an après, la commission accompagne sa première bénéficiaire dans ses stages et […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *