Le Groupe d’intérêt spécial Femmes, informations et bibliothèques de l’IFLA s’intéresse aux femmes en tant que productrices d’information, usagères des bibliothèques et professionnelles donnant accès à l’information. Le congrès annuel de l’IFLA est un moment fort de l’année pour nos activités. Cette année, il a été accueilli à Kuala Lumpur du 23 au 30 août.
« Collections, éthique, perspectives et parole »
Le groupe Femmes, informations et bibliothèques y organisait, avec le groupe Usagèr.e.s LGBTQ, deux temps d’échange et de réflexion autour du thème « Collections, éthique, perspectives et parole ».
Nous avons d’abord abordé le thème sous une forme classique, avec la présentation de 5 communications dans une session dont le sous-titre était « L’importance du contexte » :
Programme et liens vers les articles publiés, les vidéos et les diaporamas : https://www.ifla.org/node/91653?og=93
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Après une introduction en vidéo par Clare O’Hanlon, pleine d’informations et d’idées simples et concrètes pour changer nos pratiques et nos bibliothèques, LaVerne Gray a ouvert la session avec une présentation de sa recherche doctorale sur les logements sociaux de Chicago entre 1955 et 1970. Son travail met en lumière le rôle des femmes Afro-Américaines dans la construction d’une communauté par l’information (autour de l’accès à la culture et à l’éducation, en particulier). Au cours de sa recherche, LaVerne Gray a découvert le rôle que sa propre grand-mère a joué dans cette communauté, à travers des archives et des journaux relatant la mobilisation pour la construction d’une bibliothèque publique.
Reiko Aoki a rendu vivante pour tou.te.s l’expérience des survivantes du séisme et du raz-de-marée de 2011 au Japon dans une présentation qui donnait à voir les modes d’expression choisis par ces femmes : broderie, photographie, écriture fournissaient des illustrations puissantes à un article qui plaçait dans une perspective historique les enjeux de la prise en compte des besoins spécifiques et des voix des femmes dans des situations de catastrophe naturelle.
Hollie White nous a ouvert les coulisses de son travail de recherche : les observations et expériences personnelles qui peuvent pousser à étudier un sujet comme celui du colonialisme culturel, et les premières observations qu’elle a faites sur le terrain en Thaïlande. Nous attendons avec impatience les résultats des études plus poussées qu’elle compte mener dans les années à venir sur les systèmes d’organisation du savoir d’origine occidentale dans le reste du monde et la manière de s’en libérer lorsqu’ils ne sont pas appropriés au contexte local.
Bien qu’il n’ait finalement pas vu faire le voyage jusqu’à Kuala Lumpur, Bernard Dione nous a donné une présentation de son travail d’enquête sur les bibliothécaires universitaires sénégalais.e.s qui nous a permis de mesurer concrètement les difficultés qu’il peut y avoir à appliquer de grands principes fondamentaux de la profession (liberté intellectuelle, accès à l’information, etc.), auxquels on adhère en théorie, lorsqu’ils se trouvent en contradiction avec les valeurs culturelles, sociales ou religieuses des individus. Un sujet qui a trouvé des échos dans la discussion du lendemain.
Des initiatives de terrains
Le lendemain, nous nous sommes retrouvé.e.s, avec d’autres intervenant.e.s, pour une discussion plus ouverte sur des initiatives de terrain. À partir de la présentation de Muy-Chen Peich (Bibliothèques Sans Frontières) sur le déploiement des célèbres Ideas Box dans différents contextes, nous avons pu parler des manières de co-construire les services avec les usagèr.e.s, en particulier lorsqu’il s’agit de groupes « minoritaires ». À partir des présentations de Brittany Jacobs sur les livres d’images pour la jeunesse et de Christer Edeholt sur l’Étagère Arc-en-ciel de la bibliothèque municipale d’Umeå (Suède), nous avons pu aborder les questions de représentation des identités queer et des manières de montrer la diversité et de lutter ouvertement contre les discriminations. Enfin, la présentation de Katherine S. Donaldson sur les programmes de bibliothécaires résident.e.s au États-Unis nous a permis de discuter des barrières au recrutement de bibliothécaires issu.e.s de groupes sous-représentés, et les solutions pour lever ces obstacles.
Programme et liens vers les articles publiés, les vidéos et les diaporamas :
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Nous avons trouvé l’inspiration dans les travaux de la section Indigenous matters, en particulier la session « Diverse indigenous voices: decolonizing, transforming and centering practices », et espérons faire aboutir un projet commun avec cette section et celle des Populations multiculturelles dans les années à venir.
Un lieu de rencontres et d’échanges
Comme toujours, le congrès est un lieu de rencontres et d’échanges extraordinaire. Les collègues malaisien.ne.s nous ont réservé un excellent accueil et ont été nombreux/ses à participer à nos travaux et discussions.
Nous avons conçu cette réflexion comme un travail sur plusieurs années, nous envisageons quelque chose de plus pratique, avec production de contenus, l’année prochaine, avec plusieurs partenaires potentiels.
2019 sera une année d’élections au sein de l’IFLA. Pas besoin d’attendre jusque-là si vous souhaitez participer à nos activités, partager des idées ou des questionnements avec nos membres !
Toutes nos adresses (liste de diffusion, twitter, facebook) sont sur le site de l’IFLA : https://www.ifla.org/women-information-and-libraries.
Mathilde Koskas,
responsable du groupe Women, information and Libraries, IFLA
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