Thérèse Clerc, utopiste réaliste

Thérèse Clerc (1927-2016), son nom ne vous dit peut-être rien? Et la maison des Babayagas à Montreuil? Ah là peut-être que ça vous évoque quelque chose? Non, toujours pas? Alors lisez la suite.

Que de chemin parcouru pour en arriver là.

Son éducation catholique et bourgeoise ne la prédestinait pas à s’emparer des projets qu’elles as développés. Mariée, maman de 4 enfants, un boulot à plein temps, il lui faudra du temps pour s’extraire de son carcan familial et social et comprendre les enjeux sociétaux de son époque. A l’Eglise, elle échange avec des prêtres-ouvriers qui lui parlent lutte des classes, marxisme, de la guerre d’Algérie, mais rien sur la condition des femmes…

Mai 68 lui ouvre les yeux et aiguise sa conscience politique, féministe. Elle se forge à l’insu de son mari une culture qu’elle n’a pas pu acquérir par son éducation ou par des études. Elle ouvre les yeux sur une effroyable réalité : la première cause de mortalité des femmes est imputable aux avortements clandestins; elle rejoint alors le MLAC : Mouvement Pour la Libération de l’Avortement et de la Contraception.

Elle finit par divorcer à 40 ans et s’installe à Montreuil avec ses 4 enfants.

Les avortements clandestins que doivent subir les femmes la révoltent et elle suit avec intérêt le projet de loi de Simone Veil pour dépénaliser l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse).

Dans sa vie amoureuse, elle rencontre une femme avec laquelle elle vivra jusqu’à la fin de ses jours et qui l’ accompagnera dans son grand projet : la maison des Babayagas à Montreuil! Au cinéma, Thérèse apparaît dans le film Les Invisibles / Sébastien Lifshitz.

Thérèse est marquée par la fin de vie de sa mère, dépendante, et dont elle s’occupe avec abnégation malgré les difficultés. Elle imagine alors un endroit pour des femmes aux revenus modestes qui vivraient dans des espaces autogérés. En effet, elles sont plus touchées par la précarité que les hommes à cet âge de la vie.

Il lui faudra des années pour mener à bout son grand oeuvre mais quelle satisfaction in fine! La maison des Babayagas (ce sont des figures du folklore russe) voit enfin le jour à l’initiative de Thérèse Clerc, Monique Bragard et Suzanne Goueffic, et accueille des pensionnaires de plus de 65 ans au parcours associatif ou militant avéré. Chacune donne 10 heures de son temps par semaine. Leurs valeurs sont les suivantes : citoyenneté, autogestion, laïcité, écologie, solidarité et féminisme. Elles organisent des sorties culturelles, une université du savoir des vieux (UNISAVIE), font du sport!

Voici donc condensée la vie d’une utopiste réaliste qui a réussi à mener un beau projet humaniste, la maison des Babayagas, renommée depuis maison des femmes Thérèse Clerc.

 

Cet article fait partie d’une série de portraits de femmes connues ou méconnues qui méritent qu’on s’attache à leur parcours. Vous pourrez les retrouver facilement sur le blog à travers ce tag : portrait de femme

Cette idée est née de la lecture du Culottées (1 et 2) de Pénélope Bagieu et l’article s’est nourri de différentes lectures.

 

 

 

 

 

Envie d’en savoir plus?

Films documentaires :

Babayagas / Thibault Férié

Nous vieillirons ensemble / Jean-Marc La Rocca

Thérèse Clerc à propos du MLF / INA

Hors-Champs / France culture : Laure Adler reçoit Thérèse Clerc, militante féministe et fondatrice de la maison des Babyagas

Archives, livre :

Fonds Thérèse Clerc : hébergé à la bibliothèque Marguerite Durand

A consulter sur place. Les documents de ce fonds ne sont pas encore signalés dans le catalogue en ligne.

Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs / Danielle Michel-Chich

 

 

 

 

 

 

 

 


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