S’émanciper par la lecture : une question de genre – la suite !

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En 2013, nous avions déjà abordé sur ce blog les questions que Viviane Albenga traite dans son livre, paru en 2017 aux Presses Universitaires de Rennes. Cette publication de son travail de thèse est l’occasion pour nous d’approfondir ce qui avait été présenté par Viviane Albenga lors d’une conférence à la bibliothèque Jean-Macé de Lyon, dans le cadre du festival Ecrans Mixtes.

Viviane Albenga aborde la lecture à travers le prisme de trois cercles de lecteurs et lectrices différents auxquels elle a participé pendant trois ans : elle raconte la participation active qu’elle a dû mettre en œuvre pour être acceptée dans ces cercles et l’attention qu’a suscité son investissement. En situation « d’examen culturel », elle a fait preuve d’une mise à distance de ses compétences culturelles pour se mettre en situation de lectrice-participante, et non de doctorante sur le terrain.  Par le biais d’entretiens individuels, Viviane Albenga a pu approfondir les constats qu’elle avait pu faire sur le terrain.

La lecture, activité solitaire par excellence, va se partager justement dans les cercles de lecture, dans les bibliothèques ou même dans les rencontres que l’on peut faire au quotidien. Pouvoir parler d’un livre, c’est envoyer un signal à son interlocuteur « oui, je lis ! » : si Viviane Albenga fait le constat que surestimer ses lectures a de moins en moins cours, elle constate néanmoins que l’action de partager sa lecture est toujours d’actualité. Cependant, et c’est ce qui ressort dans les entretiens, les femmes et les hommes ne partageront pas les mêmes livres et n’en parleront pas de la même manière : on est alors placé dans des logiques de compétition/domination.

Choisir un livre est une première forme d’émancipation : c’est décider de consacrer du temps à une histoire, un roman et rentrer dans l’univers décidé par l’auteur.e.  Si l’on évolue dans sa posture de lecteur-lectrice à l’âge adulte, il faut se tourner vers les bibliothèques familiales (s’il y en a) et les lectures contraintes imposées par le monde scolaire pour commencer à constituer son patrimoine éditorial.

La perception de la lecture, comme loisir au même titre que le sport, la musique ou encore le cinéma, apparaît cependant de façon différente selon le genre des personnes interrogées : lire un livre, ce peut être décaler une activité ou une tâche au bénéfice du loisir. C’est consacrer du temps à soi (prendre soin de soi ET « travailler » sur soi) par le biais du support livre : s’émanciper de son quotidien, de ses contraintes et se réapproprier sa vie en se posant dans un univers libre, propice aux réflexions et au repos.

Ce livre, qui nous amène aussi à questionner notre propre rapport à la lecture et aux autres, est l’occasion pour chacun et chacune de mesurer l’apport, conscient ou non, qu’ont pu avoir les livres lus, choisis (par soi ou par quelqu’un d’extérieur). Garder la mémoire de ses lectures, c’est finalement garder la mémoire d’évènements de sa vie en associant des titres et/ou des auteurs à des moments particuliers et réaliser que les livres choisis à ces moments ont pu permettre la réappropriation de soi par rapport à son quotidien.

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