Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !

Un conseil de lecture et d’acquisition pour vos bibliothèques…

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Eliane Viennot, professeure de littérature française de la Renaissance à l’Université Jean Monnet de Saint Etienne et membre de l’Institut universitaire de France, nous livre une très instructive Petite histoire des résistances de la langue française. Cet essai engagé, publié en 2014 aux Editions iXe (éditions féministes que l’on ne saurait d’ailleurs que recommander !), retrace ainsi l’histoire méconnue de la masculinisation de la langue française…

Aujourd’hui souvent pensé comme l’expression du neutre dans la langue, « la domination du genre masculin sur le genre féminin initiée au XVIIe siècle ne s’est en effet imposée qu’à la fin du XIXe avec l’instruction obligatoire ». Eliane Viennot montre comment le féminin a peu à peu été écarté de la langue française par des grammairiens peu enclins à reconnaître les capacités des femmes à exercer certaines fonctions. Si le terme « autrice » est employé jusqu’au XVIème siècle, il est ensuite remis en cause par des grammairiens, dont Chapelain, qui récusent les capacités des femmes à écrire. Linguet déclare ainsi : « Si l’on ne dit pas une femme autrice, c’est qu’une femme qui fait un livre est une femme extraordinaire ; mais il est dans l’ordre qu’une femme aime les spectacles, la poésie, etc. comme il est dans l’ordre qu’elle soit spectatrice. » Un projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes  est même présenté en 1801. Bescherelle s’exprime également sur la questions en  1834 : « Quoi qu’il y ait un grand nombre de femmes qui professent, qui gravent, qui composent, qui traduisent etc. on ne dit pas professeure, graveuse, compositrice, traductrice, mais bien professeur, graveur, compositeur, traducteur, etc., par la raison que ces mots n’ont été inventés que pour les hommes qui exercent ces professions. »

Pour en savoir plus, de nombreux bonus sont proposés sur le site de la maison d’éditions,notamment une conférence de l’autrice  «Comment le langage structure-t-il nos pensées? L’exemple de l’invisibilisation des femmes ».

La très bonne revue Well well well a aussi consacré un article à l’ouvrage dans son 2ème numéro (printemps-été 2015), et proposé un « Petit précis de grammaire égalitaire », utile à consulter !

grammaire egalitaire

Enfin, nous l’avions signalé dans notre veille, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a également édité en novembre 2015 un précieux Guide pratique pour une communication publique sans stéréotypes de sexe, où trouver des outils simples et faciles à mettre en œuvre au quotidien.

Les références du livre :

Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin! Petite histoire des résistances de la langue française

Eliane Viennot

Mars 2014, 14.00 €,  128 p.
ISBN : 979-10-90062-20-7

Editions Ixe, collection x x – y – z


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Commentaires

4 réponses à “Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !”

  1. […] Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! […]

  2. […] –>Le site « Les Glorieuses » produit une newsletter hebdomadaire qui aborde le féminisme au prisme politique, culturel, social … et invite chacun et chacune à s’interroger sur la place des femmes dans le monde. Le lien que nous proposons aujourd’hui traite d’une question qui a déjà pu être abordée sur le blog « Et si le masculin ne l’emportait pas sur le féminin ? » L’occasion de relire notre article sur le livre d’Eliane Viennot  « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! » […]

  3. […] de soi et véhicule une vision du monde. Eliane Viennot a bien montré dans son ouvrage Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin que le féminin a peu à peu été écarté de la langue française à partir du XVIIème siècle […]

  4. […] de soi et véhicule une vision du monde. Eliane Viennot a bien montré dans son ouvrage Non le masculin ne l’emporte pas sur le féminin que le féminin a peu à peu été écarté de la langue française à partir du XVIIème siècle […]

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