Un exemple de fonds LGBT en BU (États-Unis)

La bibliothèque de l’université d’État de St-Cloud, aux États-Unis, dans le Minnesota gère une collection destinée aux publics LGBT. Elle travaille avec les enseignants sur ces questions et avec le Centre LGBT de la ville de St-Cloud pour répondre aux besoins des usagers.

Nous avons joint la responsable, Rachel Wexelbaum, afin qu’elle nous explique comment s’est créé ce fonds et comment il est géré.

Rachel Wexelbaum devant une table de présentation de titres à la BU de St. Cloud State University pour la semaine OUTPROUD
Rachel Wexelbaum à la BU de St. Cloud State University

 

Légothèque : Où travaillez-vous et quelles sont vos fonctions dans la bibliothèque?
Rachel Wexelbaum : Je travaille au Centre Miller, un centre de ressources et d’apprentissage, à St. Cloud State University (SDU). Mon titre officiel est responsable de collections (collection management librarian). Les bibliothécaires de notre institution sont aussi professeurs, et je suis enseignante associé. À la bibliothèque, je développe et gère des collections de livres, de livres électroniques, et de films. Je suis également une personne référente sur le campus pour des questions relative audroit d’auteur, au fair use et aux droits d’usages. Je propose  une assistance à la recherche et à l’utilisation de la bibliothèque aux enseignants et aux étudiants. Je donne enfin des cours sur les stratégies de recherche et les médias sociaux.

L : Quelle est la mission de cette bibliothèque? Comment et depuis quand s’adresse-t-elle aux usagers LGBT?
RW : La mission de notre bibliothèque est d’ «[accompagner] l’université dans la fourniture, l’organisation, la gestion et la compréhension critique de ressources scientifiques qui favorisent la découverte intellectuelle et la réussite scolaire. » Nous avons des étudiants et des professeurs de tous horizons, y compris LGBTQ, et nous suivons la déclaration des droits de l’American Libraries Association des bibliothèques à la lettre.

L : Quels types de services proposez-vous en direction des publics LGBTQ ?
RW : Je suis en charge des collections destinées aux publics LGBTQ, du soutien à la recherche sur ces questions et de la formation aux ressources liées à ces thématiques, quand les enseignements ont un volet recherche. Je travaille aussi à me faire connaître comme personne ressource auprès  des étudiants et du directeur du Centre LGBT.

L : Quel est votre public cible ? Quelle est la fréquentation ? Essayez-vous d’élargir vos services à d’autres publics ?
RW : Les usagers « de base » de notre bibliothèque sont les étudiants et les enseignants de l’USCU. Parce que nous sommes une institution publique, cependant, nous avons aussi des usagers extérieurs qui, s’ils prennent une carte de bibliothèque, peuvent emprunter et utiliser nos ordinateurs. En ce moment, nous essayons de toucher les anciens étudiants pour nous construire un réseau de bailleurs de fonds potentiels. Je valorise également nos ressources LGBTQ à l’occasion de la Marche des Fiertés locale et à l’occasion de conférences de la bibliothèque.

L : Comment développez-vous les collections à thématiques LGBTQ ? Suivez-vous une politique d’acquisition particulière, avez-vous une ligne budgétaire spécifique ?
RW : Quand j’ai commencé en 2008 , j’ai négocié un pourcentage de notre budget de monographies à consacrer aux ressources LGBTQ . Mon argument était que, même si nous n’avons pas de programme académique sur les LGBTQ , toutes les disciplines abordent ces questions d’une manière ou d’une autre. Je fais donc de mon mieux pour sélectionner des ressources qui traitent de ces thématiques en sciences humaines, sciences sociales , dans le domaine de l’éducation , le commerce, les sciences et les techniques. Comme ces titres circulent à une fréquence plus élevée que la moyenne, le budget augmente. Je sélectionne les titres à partir d’un grande variété de sources, dont Choice Magazine, le site de la Fondation Lambda Literary ( qui propose nombre de recensions de titres dans tous les domaine et pour lesquels j’écris aussi des critiques) , les recensions du groupe GLBT de l’American Libraries Association, et un outil de sélection en ligne que possède notre bibliothèque YBP GOBI. Je m’assure que nous commandons les lauréats des prix Lambda, Stonewall, et Publishing Triangle quand ils sont appropriés pour une bibliothèque universitaire. Depuis peu, nous désherbons cette collection pour faire place à de nouveaux documents, et je passe en revue lentement les titres afin de déterminer lesquels sont obsolètes et lesquels doivent être conservé à des fins de recherche.

Logo du groupe de travail LGBT de l'ALA
Logo du groupe de travail LGBT de l’ALA

L : Quel est votre système de classification ? Est- il pertinent pour ces collections ou l’avez-vous adapté et de quelle manière ?

RW : Notre bibliothèque utilise la classification de la Bibliothèque du Congrès, commune aux bibliothèques universitaires américaines. Bien que nos catalogueurs s’assurent d’une bonne visibilité des documents LGBTQ dans notre catalogue en ligne, ce système de classification sépare l’essentiel des documentaires LGBTQ dans une section à part de la bibliothèque .

L : Comment le personnel a-t-il réagi à la mise en place de ces services et ressources ? Aviez-vous organisé des formations ?
RW : J’ai la chance de travailler avec des collègues et des professeurs associés ouverts sur ces questions. Dans d’autres bibliothèques – y compris l’UCLA , ce qui m’a choqué- il y a eut des exemples de collègues qui  » perdaient » les documents LGBTQ afin qu’ils ne soient jamais proposés aux publics. Cela n’arrive pas là où je travaille. Même avant mon arrivée, les enseignants demandait des livres et des films LGBTQ qui étaient généralement acquis à moins d’un coût prohibitif. Nos bibliothécaires au service de renseignement feront de leur mieux pour aider tout usager à trouver l’information qu’il recherche. Si ce dernier recherche des informations sur une thématique LGBTQ spécifique qui dépasserait leur domaine d’expertise, ils me l’enverront. Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai reçu aucune demande de formation sur les thématiques LGBTQ émanant de collègues ou des enseignants, mais je présente l’état de l’accroissement des collections et les meilleures pratiques pour toucher les usagers LGBTQ lors du congrès annuel des bibliothèques du Minnesota. Je fais aussi des présentations thématiques très appréciées par les usagers. Vous pouvez me voir sur la page Facebook de notre bibliothèque. La plupart du temps ces présentations promeuvent également le Centre de ressources LGBTQ.

L : De quoi parlez-vous lors de ce congrès annuel ?
RW : Lors de ces conférences, je ne met pas vraiment l’accent sur ​​les statistiques de développement des collections. J’essaie d’expliquer que les documents intéressant les publics LGBTQ ne sont pas tous accessibles au format électronique  (même si c’est de plus en plus le cas), et qu’il est nécessaire d’avoir des documents de tous formats.

Je présente également les outils permettant de sélectionner ces documents, les moyens d’obtenir des informations pour les LGBTQ sur quelques-unes des bases de données auxquelles toutes les bibliothèques du Minnesota ont libre accès, et comment obtenir des informations dans des ressources officielles et gouvernementales.

Enfin, j’explique comment on peut négocier un budget pour des acquisitions à destination des LGBTQ, comment on peut valoriser ces ressources, et comment impliquer les usagers dans le développement de la collection.

L : Quels conseils donneriez-vous à des collègues qui souhaiteraient toucher des publics LGBTQ ?
RW : D’abord, je leur proposerai de sortir de la bibliothèque pour aller dans les endroits où les publics LGBTQ sont (centres communautaires, groupes de soutien, marches de fierté , cafés, cliniques, etc. ) afin de promouvoir la bibliothèque et ses ressources LGBTQ / services. Si ces endroits ou organisations ont des sites Web , demander d’ajouter un lien vers les ressources de la bibliothèque sur leur site web, de vous connecter avec eux sur les réseaux sociaux (comme «ami» sur Facebook , Twitter, …).

Ensuite, faire des étalages de livres, que ce soit physique ou par le biais de Pinterest , pour promouvoir les ressources en profitant, tous les mois, d’événements liées aux LGBTQ (dont les anniversaires de personnalités par exemple). Si votre bibliothèque a une présence sur les médias sociaux, l’affichage du livre peut être photographié ou le conseil Pinterest peut être partagée de cette façon.

Une autre proposition serait de faire savoir à la communauté LGBTQ si votre bibliothèque dispose d’un espace pour organiser des réunions , des groupes de lectures, etc. Les associations sont souvent à la recherche d’espaces tranquilles gratuits ou à faible coût pour des réunions quelconques. Cela amènera des usagers LGBTQ dans la bibliothèque.

Enfin, regardez si votre université locale possède un centre de ressources LGBTQ, un groupe d’étudiants LGBTQ ou des enseignements autour des LGBTQ. Allez leur rendre souvent visite, évoquez leurs travaux à rendre, leurs recherches, etc,  essayez de savoir comment la bibliothèque peut les aider dans leurs projets. Parfois, le travail est lié aux LGBTQ, parfois ce n’est pas le cas, mais c’est une autre façon de connecter les personnes LGBTQ à la bibliothèque et les amener à découvrir la collection et les espaces.

L : Avez-vous mis en place des partenariats spécifiques ?
RW : St. Cloud State University appartient au réseau universitaire de l’État du Minnesota (Minnesota State Colleges and Universities system). Notre établissement fait partie d’un consortium de bibliothèques appelé MnPALS , où nous avons des accords de prêts entre bibliothèques avec certaines écoles du réseau, avec de petites écoles privées, et avec  l’Université du Minnesota. Nous n’avons pas un gros budget d’acquisitions et nous ne pouvons malheureusement pas nous abonner à beaucoup de revues et de bases de données. Heureusement , ces accords avec l’Université du Minnesota , ainsi que d’autres États, nous permettent de donner accès à des articles que nous n’aurions pas. Nos accords de prêts entre bibliothèques sont particulièrement utiles pour ceux qui font de la recherche sur des thématiques LGBT et qui ont besoin de trouver des informations dans des revues académiques auxquelles nous n’avons pas accès .
J’ai également travaillé avec le Centre de ressources LGBT afin de mettre en place un « système de tri » pour que leurs employés puisse déterminer vers qui envoyer les usagers venus chercher des informations spécifiques. Ceux qui ont besoin d’aide pour trouver des informations sur des documents de recherche me sont adressés, ceux qui ont besoin de ressources communautaires et de groupes de soutien sont envoyés au Centre .

L : Quels sont vos projets pour 2014 ?
RW : 2014 est presque terminée, j’essaie de faire avec ! En ce moment je suis en train de finir mon livre « Queers en ligne : pratiques numériques pour les LGBT dans les bibliothèques, archives et musées » (Queers Online: LGBT Digital Practices in Libraries, Archives, and Museums).

L : Allez-vous participer au congrès de l’IFLA à Lyon , en France ? et en profiterez-vous pour faire connaître votre bibliothèque ?
RW : J’aurais aimé y assister. Je suis désolé de manquer la première réunion du groupe d’intérêt spécial IFLA LGBTIQ SIG – ce sera certainement un événement historique . Est-il possible de participer en ligne ? Comment puis-je obtenir des notes ou des documents de la réunion ? Je suis sur la page de l’IFLA LGBT SIG Facebook , cependant, et fréquemment connectée. Je suis désireuse d’échanger avec quiconque de l’IFLA sur les ressources et les services des bibliothèques adressées aux publics LGBTQ, et de collaborer sur des projets ensemble .

Pour me contacter, mon adresse e-mail est rswexelbaum@stcloudstate.edu , mon compte Twitter est @voxpopulare, et mon Skype est skypelibrarian.

Merci

 


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