Construction de soi et lutte contre stéréotypes dans le Code de Déontologie de l’ABF

Le Code de Déontologie du bibliothécaire a été publié en 2003 par l’ABF.

« Le code de déontologie du bibliothécaire concerne tous les types de bibliothèques, publiques ou privées recevant du public. Il s’adresse à tous métiers des bibliothèques quels que soient les spécificités, les statuts ou la place dans la hiérarchie. Il est destiné à inspirer les bibliothécaires dans leur action quotidienne aussi bien que dans leur action générale. Il établit les devoirs du bibliothécaire en particulier dans le respect absolu de l’usager dont découle toute démarche et affirme son exigence de reconnaissance de sa responsabilité professionnelle en particulier vis à vis des élus. Il a l’ambition d’être un texte fédérateur pour notre communauté professionnelle. »

Qu’y trouve t-on à propos de la construction de soi et de la lutte contre les stéréotypes, terrains d’action du groupe Légothèque ?
1) Construction de soi

• Respecter tous les usagers ;
• Offrir à chacun une égalité de traitement ;
• Répondre à chaque demande, ou, à défaut, la réorienter ;
• Assurer les conditions de la liberté intellectuelle par la liberté de lecture ;
• Permettre un accès à l’information respectant la plus grande ouverture possible, libre, égal et gratuit, sans préjuger de son utilisation ultérieure ;
• Garantir l’autonomie de l’usager, lui faire partager le respect du document, favoriser l’autoformation ;
• Offrir aux usagers l’ensemble des documents nécessaires à sa compréhension autonome des débats publics, de l’actualité, des grandes questions historiques et philosophiques ;

Chaque usager est donc respecté en tant qu’individu, et traité à égalité avec les autres individus. Chacune de ses demandes est traitées, et toute liberté lui est assurée pour le choix de ses lectures, à la guise de ses intérêts intellectuels. Aucun jugement ou influence n’est permis par le bibliothécaire ou un autre usager. L’autoformation est d’ailleurs encouragée. Mais le plus important est celui qui consiste à constituer une collection permettant à l’usager de comprendre et participer aux débats publics.
2) Lutte contre les stéréotypes

• Ne pratiquer aucune censure, garantir le pluralisme et l’encyclopédisme intellectuel des collections ;

• Le bibliothécaire veille à ne pas céder aux groupes de pressions politiques, religieux, idéologiques, syndicaux, sociaux qui essaieraient d’influer sur les politiques d’acquisitions par imposition forcée, interdiction ou intimidation, directement ou par le biais de sa tutelle.

Il semblerait donc que ce code insiste sur la participation que la bibliothèque peut apporter, à travers ses collections et son rapport à l’usager, pour la construction de l’individu. En ce qui concerne la lutte contre les stéréotypes, cela semble moins concret, mais en réalité tout ce qui permet la construction de soi, la lecture libre, le pluralisme des collections, contient d’une manière intrinsèque la question de la lutte contre les stéréotypes : en caricaturant un peu, c’est avec l’ouverture d’esprit, la possibilité d’accéder à toutes les idées qui circulent dans la société, et en fournissant l’appareil critique permettant de juger (sans préjugés) que la bibliothèque lutte au jour le jour contre la constitution des préjugés et des discriminations qui peuvent en découler. En acceptant tous les documents (qui ne contreviennent pas à la loi) susceptibles de présenter les idées d’une majorité ou d’une minorité, et donc en ne faisant pas elle-même preuve de discrimination, la bibliothèque se constitue comme un modèle de lieu représentatif de la société et le seul lieu neutre à l’origine d’un débat public éclairé.